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PROGRAMME 2017-2018

, 01:13am

Publié par Regards Cliniques

 

REGARDS CLINIQUES

Association de recherche sur les liens entre

LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE ET LES SCIENCES HUMAINES

 

CONFÉRENCES-DÉBATS 2017-2018

 

Jeudi 16 novembre 2017

 

L’autonomie du patient en débat

 

Que l'autonomie fasse partie des droits des patients apparaît à juste titre comme un moyen efficace d'en finir avec la tentation récurrente de la médecine de les traiter comme des mineurs irresponsables.

Mais si l'on se demande ce qu'il faut entendre ici par autonomie, les choses ne sont pas si simples, pour deux raisons. La première, fondamentale, est qu'il n'y a pas un seul concept de l'autonomie mais deux, et qui sont contradictoires entre eux. La seconde est qu'il est toujours difficile de transformer des concepts d'origine éthique en principes juridiques.

Le premier concept de l'autonomie vient de Kant : « à chacun de se donner à soi-même sa loi ». Il repose sur une éthique fondée sur la liberté, mais à condition qu'elle soit médiatisée par la moralité, sous peine de s'inverser en « hétéronomie ». L'autre concept, qui nous vient d'Amérique, doit sa formulation la plus nette à Tristram Engelhardt, qui fait de l'autonomie un principe fondé sur l'éthique utilitariste : « le bien, c'est ma préférence ».

Ces divergences ont des racines d'ordre religieux, en rapport avec le protestantisme nord-américain, comme d'ordre historique, puisque l'Amérique a dû transformer la loi en règle du jeu procédurale, afin d'assurer la coexistence entre des communautés fort diverses.

De ces différences résultent deux approches divergentes de la médecine : soit la médecine est d'abord une mission, veillant à respecter son éthique ; soit elle tend vers la prestation de service, réglée par contrat entre les parties, avec le juge pour arbitre.

Dans la situation qui est la nôtre, domine une sorte de mélange hésitant entre ces deux grandes options, alors que les mêmes questions se posent toujours sur le terrain. Qu'en est-il de l'autonomie du patient quand elle est oblitérée par sa vulnérabilité ? Jusqu'à quel point oblige-t-elle le médecin, lui aussi autonome ? Permet-elle au médecin de s'exonérer de sa propre responsabilité ? Où placer les limites de la médecine, tant en excès qu'en défaut ? Est-ce à la loi de régler d'avance tous les problèmes, comme si l'éthique était soluble dans le droit ?

 

Dominique FOLSCHEID

Professeur émérite de Philosophie morale et politique à l’Université Paris-Est,

Co-Directeur du Département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Paris

 

Jeudi 18 janvier 2018

 

Comment devient-on tortionnaire ?

Psychologie des auteurs de crimes contre l'humanité

 

Hier comme aujourd’hui, les crimes contre l’humanité, crimes de génocide et crimes de guerre ont des conséquences humaines et sociétales graves et durables. Elles entachent la condition humaine, produisent des silences et des transmissions transgénérationnelles. Cela concerne les survivants et les descendants des victimes, les auteurs de ces crimes et leurs enfants, et l’ensemble des sociétés humaines.

 

Ce type de crimes est l’affaire de tous.

 

D’où cette question : comment et pourquoi devient-on un auteur de criminalité politique ? Alors que ni avant, ni après, celui-ci ne commettra plus de tels crimes ? Les auteurs de ce type de crimes ne présentent aucune psychopathologie, mais ils ne sont pas pour autant « normaux ». Ils sont le reflet de la manière dont la géopolitique, le social et l’Histoire traversent les subjectivités.

 

Pour illustrer son propos, Françoise SIRONI s’appuiera sur le cas de DUCH, directeur du camp de torture et de mort S-21, à l’époque des Khmers rouges au Cambodge. Il est personnellement responsable de 17 000 morts. Il a été jugé à Phnom Penh en 2009 et condamné à la détention à perpétuité.

Françoise SIRONI a été mandatée par le Tribunal Spécial Khmers rouges pour effectuer l’expertise psychologique de DUCH, qu’elle a rencontré en détention au cours de seize entretiens de trois heures chacun.

 

Elle nous livrera son analyse à la fois psychologique et géopolitique, et nous dira s’il est possible, pour les bourreaux, de sortir de l’état de désempathie et de déshumanisation dans lesquels ils furent plongés pour pouvoir commettre leurs crimes.

 

Françoise SIRONI

Psychologue, psychothérapeute, maître de conférences - Université Paris 8,

Expert près la Cour Pénale Internationale

 

Jeudi 12 avril 2018

 

Soins pénalement obligés : soigne-t-on à contre gré ?

 

Les notions d’obligation et d’injonction de soin sont très discutées, entre le thérapeutique et le juridique.

 

Depuis un passé récent la notion d’obligation, reprise dans la notion juridique de soins pénalement obligés, est comprise comme une contrainte, et non plus en son sens initial de contribution à la vie sociale. Par l’émergence de la notion demande en psychothérapie, le soin est conçu dans le souci d’une appropriation et participation du patient. La demande et l’appropriation d’une démarche thérapeutique recoupent la notion de consentement, toujours présente dans les soins pénalement obligés. Ce qui peut entrainer une certaine ambiguïté dans la prise en charge.

 

Soigne-t-on hors demande véritable, et comment le soignant se positionne dans la relation transférentielle, quand la situation lui semble biaisée ?

 

La demande peut-elle émerger d’une incitation plus ou moins contrainte aux soins, avec des personnes plus sujettes à l’agir qu’à l’élaboration psychique ? Ce pari thérapeutique est-il raisonnable ?

 

Philippe GENUIT

Docteur en psychologie, Pôle de Psychiatrie et Conduites addictives en Milieu Pénitentiaire au Centre hospitalier Gérard Marchant de Toulouse

 

Jeudi 14 juin 2018

 

L'expérience de la pudeur

 

De quoi la pudeur est-elle le signe ? Nous partirons pour y répondre de la clinique, en considérant les conditions d'avènement de la pudeur chez l'enfant, autant que son vif retour à l'adolescence. Cette étude clinique nous permettra alors de commenter pourquoi Jacques Lacan fit de la pudeur, pour la psychanalyse, une vertu. Une vertu, et non une morale. Il faudra préciser la différence entre les deux, pour éclairer d'une part ce qui fonde l'expérience de la pudeur, mais également situer sa place en notre époque.

 

David BERNARD

Psychanalyste, membre de l’Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien (EPFCL),

Enseignant-chercheur en Psychopathologie à l’Université Rennes 2

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Les conférences sont à 20h30 à la salle de spectacle du CHNM

 

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