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Conférence du mardi 2 avril 2019 avec Agathe Oléron, Maryvonne Michel, Mary Cailler et André Sauvage

23 Mars 2019, 16:10pm

Publié par Regards Cliniques

 

« La Dame de Saint-Lunaire »

Mardi 2 avril 2019 à 20 H 30

 

Salle de spectacle du CHNM - 53100 MAYENNE

 

Projection du film « La Dame de Saint-Lunaire » suivi d’un échange

 

À Saint-Lunaire en Ille-et-Vilaine, vivait Jeanne DEVIDAL (1908-2008), celle que l'on surnommait « la folle de Saint-Lunaire » ou plus affectueusement « la Dame de Saint-Lunaire ». Pendant 40 ans, elle a bâti une maison incroyable, un « château branlant » entièrement construit à partir de matériaux de récupération.

Mais qui est donc la « Dame de Saint-Lunaire » ?

Jeanne DEVIDAL est née à Brest en 1908 dans une famille de cinq frères et sœurs.

En 1926, Jeanne DEVIDAL débute une carrière professionnelle d'employée au PTT. En 1941, les services postaux l'envoient à Boucé dans l'Orne, un village occupé par les Allemands. « Je pense qu'elle a pu être placée là comme résistante, afin d'intercepter les courriers de dénonciations », suppose Agathe OLÉRON, la réalisatrice du film. Peu avant la Libération, le réseau des résistants de Boucé est démantelé. Ses membres sont sauvagement assassinés le 28 juin 1944.

En 1947, Jeanne DEVIDAL s'installe à Saint-Lunaire avec sa mère et sa sœur Léonie et achète le terrain de Longchamp à quelques dizaines de mètres du bord de mer.

C'est à cette époque que Jeanne DEVIDAL commence à prendre des mesures sur son terrain et à établir des plans pour la construction d'un premier pavillon, qu'elle fait édifier par des professionnels. Elle suit les travaux de près et s'initie à la maçonnerie.

En 1953, sa sœur Léonie, souffrant de troubles délirants, est hospitalisée à Rennes. Elle ne reviendra jamais à Saint-Lunaire. Sa mère meurt en mars 1954.

A la demande de la préfecture, c'est au tour de Jeanne DEVIDAL d'être hospitalisée en 1956 en psychiatrie à Rennes pour délire de persécution.

De retour dans sa maison, quelques mois plus tard, elle commence à étendre sa construction, dans un premier temps de manière très artistique avec des bas-reliefs, des coquillages incrustés...

Se sentant de plus en plus menacée, elle érige des murs formant une enceinte autour de la maison, dans un enchevêtrement d'objets hétéroclites et de végétation. Les murs sont un agglomérat de bric et de broc fait de vieilles paires de chaussures, de coquillages, de cageots, de boîtes de sardine, de bois flotté, de plastique...Le tout consolidé à grand renfort de brouettes de ciment.

A l'intérieur, c'est un véritable complexe labyrinthique que la dame façonne sans relâche au fil des années. Elle y fait pousser un grand tilleul au milieu du salon...Malgré sa dangerosité, ce « château branlant » sera toléré pendant quarante années par les pouvoirs publics, attirant de plus en plus de curieux.

Les plaintes du voisinage, qui craint une invasion de rats ou de voir l'édifice s'écrouler, se multiplient, mais la construction reste debout contre vents et marées. Elle résiste même à la terrible tempête d'octobre 1987 !

Finalement le « mirador » central s'effondre au cours de la nuit de Noël 1990. Jeanne DEVIDAL n'est que très légèrement blessée. Elle est hospitalisée et transférée au foyer-logement de Saint-Briac, où elle fêtera ses 100 ans le 12 janvier 2008, quelques mois avant sa disparition. Les murs d'enceinte, devenus dangereux, sont démolis en 1991.

 

Des zones d'ombre demeurent autour de la vie de Jeanne DEVIDAL. Pourquoi a-t-elle entrepris la construction d'un tel édifice ? Délire de persécution ou dessein d'une écorchée vive adepte de l'art brut, personne ne sait vraiment...Jusqu'à la fin de ses jours, Jeanne DEVIDAL ne s'est jamais exprimée sur ses motivations.

Avec son film, Agathe OLÉRON n'a pas la prétention de rétablir la vérité. Mais, elle espère que son film permettra de redonner une identité et de la dignité à cette femme, afin qu'elle ne soit plus seulement « La folle de Saint-Lunaire »..

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Agathe OLERON, Auteure et réalisatrice

Maryvonne MICHEL et Mary CAILLIER, Psychologues cliniciennes et co-auteures de « La maison de Saint-Lunaire », Mémoire de maîtrise, 1978

André SAUVAGE, Sociologue de l'urbanisme, Psychologue

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Tarif : Non Adhérent  : 10 € - 1/2 tarif pour étudiants et demandeurs d'emploi Adhésion annuelle ( 28 € ) donne droit aux 4 conférences annuelles gratuitement.

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